S. m. (Philosophie) c'est un zèle aveugle et passionné, qui nait des opinions superstitieuses, et fait commettre des actions ridicules, injustes, et cruelles ; non-seulement sans honte et sans remords, mais encore avec une sorte de joie et de consolation. Le fanatisme n'est donc que la superstition mise en action. Voyez
SUPERSTITION.
Imaginez une immense rotonde, un panthéon à mille autels ; et placé au milieu du dôme, figurez-vous un dévot de chaque secte éteinte ou subsistante, aux pieds de la divinité qu'il honore à sa façon, sous toutes les formes bizarres que l'imagination a pu créer. A droite, c'est un contemplatif étendu sur une natte, qui attend, le nombril en l'air, que la lumière céleste vienne investir son âme ; à gauche, c'est un énergumene prosterné qui frappe du front contre la terre, pour en faire sortir l'abondance : là, c'est un saltinbanque qui danse sur la tombe de celui qu'il invoque ; ici c'est un pénitent immobîle et muet, comme la statue devant laquelle il s'humilie : l'un étale ce que la pudeur cache, parce que Dieu ne rougit pas de sa ressemblance ; l'autre voîle jusqu'à son visage, comme si l'ouvrier avait horreur de son ouvrage : un autre tourne le dos au midi, parce que c'est-là le vent du démon ; un autre tend les bras vers l'orient, où Dieu montre sa face rayonnante : de jeunes filles en pleurs meurtrissent leur chair encore innocente, pour apaiser le démon de la concupiscence par des moyens capables de l'irriter ; d'autres dans une posture toute opposée, sollicitent les approches de la divinité : un jeune homme, pour amortir l'instrument de la virilité, y attache des anneaux de fer d'un poids proportionné à ses forces ; un autre arrête la tentation dès sa source, par une amputation tout à fait inhumaine, et suspend à l'autel les dépouilles de son sacrifice.
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